La chanson du jardin
C’est un jardin étroit
Fait de mauvaises herbes,
Qui tremble dans le froid,
Que les gens ne voient pas.
C’est un jardin fourbu,
Où un couple de merles,
Un jour qu’il avait plu,
À corps perdus s’aima.
Et depuis, le jardin
S’est remis de sa peine.
Il étend ses frontières,
Car l’amour le garnit.
Il vénère ses plantes,
Ses bêtes et ses chênes,
Et au ciel les étoiles
Et l’obscur infini.
L’artiste a un jardin
Semblable aux belles herbes
Qui gomme les chagrins
Avec esprit serein.
C’est un jardin en fleur
Aux senteurs éternelles
Qui emplissent le cœur,
Quand il sculpte ou qu'il peint.
L’artiste offre, à ses mains,
Ses folles pensées tendres,
Effaçant, comme il veut,
Les erreurs des emplois
Et l’arrogance sotte
Qu’il refuse de prendre
Pour obéir aux normes
Qui bloquent les émois.
Et comme il est heureux,
Dans les recourbées herbes !
Il est bel amoureux
Du monde gracieux.
Dans son jardin en fleur,
Sous les sifflets des merles,
Il éprouve un bonheur
Au plus profond des cieux.
Et nous sommes heureux
Foulant ses belles herbes !
On ressort amoureux
Du monde gracieux.
Par ce jardin en fleur
Que visitent les merles,
On capte le bonheur
Du talent par nos yeux.