Le belvédère
Je la vois contempler la mer sur le lointain
Qui s’emmêle aux rayons du bas soleil d’airain,
Quand s’annonce la nuit à l’heure de la brune
Et se montre l’aimant visage de la lune.
Lorsque je m’en reviens, je sais que, bien longtemps,
Elle continuera de réviser le temps
Où les émotions la rendaient pour lui belle,
Où tout n’était qu’espoirs, jouissance nouvelle.
Mais qu’est-il devenu l’amour qui s’en éprit,
Puis un jour la quitta, et par qui elle écrit,
Le matin de bonne heure, à son bureau, assise,
Et qui à sa promesse elle s’était soumise ?
Ce ne sont que des vers à son âme chantant,
Invisibles aux gens, véritables pourtant.
Ignorée à jamais, chaque instant de poème
Refait vivre pour elle un monde vrai qu’elle aime.
Juste avant son retour, apparaît sous ses yeux,
Sur le sable nocturne, aux rythmes anxieux,
Un homme marchant vers la grotte solitaire
Sur laquelle est planté l’amical belvédère
Où l’ancienne femme adore s’y asseoir,
Sur un vieux banc de pierre, en été chaque soir.
« Mais non ! C’est un cheval le long du bord qui passe… »
Une déception qui aux autres s’entasse.