Un sapristi atome d'antimatière
C’est vraiment super d’écrire ! enfin pas que de la poésie, mais de la prose. Cela soulage de tout, ça vide l’esprit et le remet en place par la même occasion. Et surtout en le faisant pour soi, cette gentille relation entre une tête auteur et une main auteur (je déteste le féminin de rigueur de maintenant, « auteure »… c’est comme ça !), avec un roller dans un cahier à spirale (j’adore !). Tout le monde extérieur nous envahit, nous pénètre comme une surdose de rayons X ! Nous arrivons, à tant nous gorger des mauvaises nouvelles : la Crise, les affaires Dieudonné, Gayet et ex-première Dame, aujourd’hui la défense d’une émission culturelle et son lot de liberté d’expression bafouée, à en perdre le plaisir des moindres choses un tant soit peu attractives et personnelles qui font notre belle union avec l’univers, toute la nature dont nous sommes, la rêverie du poète, tout comme celle du peintre, du musicien… Tout ce plaisir gâché, quelle honte ! Nous en perdons notre vie intérieure.
Les artistes, les amoureux de la logique pure, le resteront-ils longtemps à ce régime ? Ne finiront-ils pas par perdre l’engouement qui pousse leurs capacités à créer ? Je n’en sais rien, mais moi, avec et malgré ma médiocrité, je préfère m’écarter de tous ces sujets qui mettent un voile terrifiant sur le peu de créativité que j’ai. Et tant pis si ça paraît pur égoïsme, ou idiotie, ou que cela le soit réellement ! Je m’en fous. Ah, ça ! ce n’est pas au nom de la liberté d’expression et de sa défense que j’agis ainsi, mais au nom de ma liberté tout court, celle qui ne m’oblige pas à revêtir ma personne des lumineuses pensées des Everest de l’intellectualisme. De toute manière, je ne suis pas une intellectuelle et ma culture n’a aucune ressemblance avec celle de n’importe qui s’étant développé dans les normes d’une intelligence dans les dues formes, et si possible au-dessus de la moyenne.
Je suis une antimatière à qui il ne convient pas de jouer dans la cour de la matière brillante, sinon ça explose… Il faut garder sa place, et moi c’est celle des pierres précieuses restées à vie à l’état brut remplies d’imperfections. Des cailloux qui n’ont pas à se mélanger aux merveilleux diamants qui font les meilleurs joyaux de l’humanité, des arts et des sciences, de la pensée. Sinon je les détruis ou ils me détruisent.
Mais j’ai le droit d’écrire, malgré les désastres que cela encourt si j’expose les résultats de mon acte. Pourquoi ? Parce que sans ça je devrais mourir, depuis le temps que j’ai fait mienne cette activité. Et c’est quelque chose que je n’ai pas encore dans mes projets d’avenir, ma mort. Ça viendra bien sûr, mais au plus loin de la résistance de mon corps.
Alors, c’est vraiment super d’écrire, même en étant un sapristi atome d’antimatière !
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