L’aliénée
Je ne me considère pas comme une folle, même si je peux en avoir les apparences pour ceux qui n’ont pas le courage d’affronter le mystère de mon existence, de me soutenir à cause de mon manque d’autonomie physique, social et affectif, et de leur crainte que je m’attache trop à eux, que je les aime au-dessus de leurs moyens, sans accepter de voir que ma façon d’aimer est totalement libre.
La virtualité et le monde actuel nous imposent d’établir entre nous des valeurs fausses, d’erronés liens et sentiments. Et si on se rebelle, on nous vire d’un revers de main, d’une suppression informatique, ou on nous dit d'aller voir un psy. Mais il est vrai que les temps modernes deviennent obsédants, oppressants et ne laissent que de rares moments de repos, insuffisants pour répondre aux appels à l'aide de nombreuses personnes qui, même si elles l'ignorent, possèdent des facultés infinies.
Si mes souvenirs sont exacts, Erich Fromm parle de deux types de normalité dans "L'art d'aimer" et je crois aussi "La peur de la liberté" (les fameux livres que j'ai lus de lui), celle de la norme (Les automates...), et celle des personnes rebelles (libres, vraies et créatives). La première étant probablement dominatrice dans notre société, sans les moyens pour lutter contre son influence négative, il me semble qu'on peut dire qu'elle aliène et bloque beaucoup de personnes dans leur intellect comme dans leur personnalité. Mais en se donnant les moyens d'inverser les rôles, tout le monde peut grandir... C'est ce que j'ai tenté de faire dans l'univers restreint de mon logement à parisien, après pas mal de "deuils". J'ai lu Fromm et le poète espagnol Antonio Machado, puis je me suis lancée à corps perdu dans la découverte de l'écriture, tout en considérant de plus près mon curieux intellect, peut-être ce qui dérange le plus mon comportement avec les autres, plus que mon handicap moteur.