Il n’est jamais trop tard pour s’y mettre, finalement

Née à l’étranger, de parents français, liée à vie à un handicap physique et des troubles intellectuels et du langage, que nul n'a su bien comprendre, j'écris le plus souvent de la poésie, tous genres confondus. Après quelques succès inespérés, venant d’entrer dans la soixantaine, j'attends toujours la reconnaissance, pas tant de mon talent mais du courage, du travail, de l'amour pour mon art, la langue, les belles choses, pour avoir su remplacer mes absences affectives par la création et la curiosité de la découverte.
L’enfance, quelle merveilleuse période, n’est-ce pas ? La plus sincère, que s’escrime à cloisonner une éducation qui ne tient pas toujours compte des facultés et ambitions des jeunes créatures, surtout quand elles sont handicapées. Il me semble que beaucoup voient ainsi leur nature s’effondrer sur elle-même. C'est mon cas, mais j'ai voulu résister à l'orientation à laquelle on me prédestinait après mes échecs scolaires. Et comme cela a aussi raté à cause de mon retour d'Espagne, douze ans d'une existence plutôt heureuse, j'ai tout fait pour renaître de mes cendres...
On se doit une fois au moins d’essayer de goûter aux joies et à la paix de l'âme. La vie est à ce prix puisqu’il ne nous est donné aucun moyen de la prolonger indéfiniment ni de la refaire là où elle a dévié.
J’ai eu la chance de posséder deux livres d'Erich Fromm conseillés, en son temps, par une psychologue à Madrid. Je les ai lus et relus en espagnol bien des années plus tard par nécessité psychologique. Je crois que, grâce à l’assimilation d'une partie des idées du psychanalyste allemand naturalisé Américain, je peux authentifier maintenant bien des choses qui y sont dites.