Le biscuit (corrigé)
1962. Petite B. a huit ans. Dans sa chambre, lit à droite, fenêtre à gauche, sanglée à plat-ventre sur son chariot plat (grandes roues devant pour le mouvoir elle-même avec des mains courantes, petites amovibles à l’arrière), elle observe le ciel. Elle s’imagine que c’est l’immeuble qui bouge (comme un bateau !), tandis que les nuages demeurent fixes !
Elle ne va pas à l’école, celle-ci vient chez elle. En dehors des cours et des devoirs, petite B. passe de longues heures à rêvasser... Elle écoute la radio, regarde la télé le soir, Le temps des copains ! Puis essaye de lire les histoires de Lili, les BD de sa sœur.
Ayant un estomac capricieux, à cause de sa polio, qui la prive de nourriture toute une semaine par mois, elle s’émerveille devant les premières gorgées d’eau d’Évian, purée-jambon, tomates en salade, quand enfin le bougre se calme. C’est le cas aujourd’hui, et c’est l’heure du goûter.
Petite B. prend un Choco BN carré, l’ancêtre du Petit Prince. Elle ne le trempe pas dans son bol de lait… Elle l’ouvre. Puis la voilà qui racle l’intérieur chocolaté des parties avec ses dents, doucement pour faire durer le plaisir à l’infini. Mais l’infini ne dure jamais assez ! Alors, petite B. s’attaque aux contours dentelés en fines, lentes et savoureuses incisions. Le reste, elle le finira avec le lait refroidi…
Ah, le bonheur de goûter en paix dans la douceur d’un rêve enfantin !