Sur l’amour (introduction)
Ce que je m’apprête à écrire est très compliqué. Surtout si je veux traiter le sujet sans sentimentalisme éculé.
Qu’est-ce qu’une femme handicapée sait de l’amour, me diriez-vous ? Peut-être plus que ce que vous imaginez de moi.
J’ai vécu en Espagne, surtout à Madrid. La capitale espagnole m’a tout apporté, appris. Je lui dois énormément !
Un jour, j'ai épluché des petites annonces sur des activités artistiques. C'était en plus des cours de musique que je prenais. C’est ainsi que je me suis inscrite à un atelier de céramique du centre de Madrid, avec la promesse des enseignants de m’aider à descendre, à la fin des leçons, l’escalier en bois du premier étage où il se trouvait — je pouvais monter mais pas l'inverse. C’est là que j’ai débuté ma meilleure relation amoureuse.
Je pense que, si je n’avais pas suivi mes parents en Espagne, je n’aurais rien connu de semblable, en tout cas pas avec un homme à qui, au fond de moi, je ressemblais un peu. Je n’aurais sans doute pas pu m’épanouir dans mon pays autant que là-bas. Du reste, je me suis bien flétrie depuis que j’y revis. Mais j'ai trouvé un nouveau lien affectif, l’écriture, forcée d'abandonner la musique, et la poterie qui ne m'allait pas trop. Puisse écrire me compenser la perte de l’amour...